Au bout du champ, deux enfants jouent
Ils ont du rose aux joues, du vert aux genoux
Leur vélo repose dans les labours
Le soleil est trop haut pour songer au retour
Komm, komm, Jesu, komm
Komm, komm, Jesu, komm
Je veux te baiser
(x2)
Les pantalons sont partis devant
Entre deux rires, ils chantent une comptine en allemand
Ils ne chantent plus, ils se dévorent
Ils se remplissent de leurs deux corps
Komm, komm, Jesu, komm
Komm, komm, Jesu, komm
Je veux te baiser
(x2)
Ils vident leur sac, font rouler les cailloux
Ils offrent leurs lèvres aux dents, ils tendent le cou
Et leurs deux bouches barbouillées de rouge
Donnent envie de chanter
Le soleil n'a pas bougé, ça va être un long été
Ca va être un long été
Je veux être ton frère, je veux être ta mère
Je veux être ton fils, je veux être tes cuisses
Je veux être ton chat, je veux être ton papa
Je veux être ton facteur, je veux être ta soeur
Je veux être ta fille, je veux être ton stylobille
Je veux être ton cousin, je veux être ton chien
Je veux être ton amour, je veux être ton détour
Je veux être ton grand-père, je veux être ton missionnaire
Je veux être ton amant, je veux être ton fil à dent
Je veux être ton dentiste, je veux être ton bagagiste
Veux-tu être ma soeur, veux-tu être mon odeur
Veux-tu être ma cousine, veux-tu être ma gabardine
Veux-tu être ma reine, veux-tu être mon acouphène
Veux-tu être ma princesse, veux-tu être ma vieillesse
Je veux être ton oncle, je veux être ton furoncle
Je veux être ton mari, je veux être ton canari
Je veux être ton amoureux, je veux être ton miséreux
Je veux être ton ami, je veux être ton vomi
Je veux être ton docteur, je veux être ton ordinateur
Je veux être ton curé, je veux être ton immigré
Je veux être ton chauffeur, je veux être ton seigneur
Je veux être ton fleuriste, je veux être ton nudiste
Veux-tu être ma tante, veux-tu être ma servante
Veux-tu être ma femme, veux-tu être mon drame
Veux-tu être ma mère, veux-tu être ma tanière
Veux-tu être ma fille, veux-tu être ma béquille
Je veux être ton professeur, je veux être ton masseur
Je veux être ton concubin, je veux être ton chérubin
Veux-tu être ma maitresse, veux-tu être ma jeunesse
Veux-tu être mon amie, veux-tu être ma chimie
Je veux être ton confident, je veux être ton stéradent
Je veux être ton portier, je veux être ton dentier
Veux-tu être ma moitié ?
Je ne comprends pas pourquoi comment
Ces deux yeux là sont aussi grands
En tous cas, je suis tombé dedans
J'y trouve un haricot géantJe le grimpe en descendant
Plus j'avance et moins je suis grand
Je ne sais comment, là, j'en suis arrivé
Je ne parviens pas à remonterAu début de mon absence
J'ai perdu le fil, toute assurance
Je pense à des choses compliquées
Suis-je arrivé ?
Suis-je bien coiffé ?
Quoi qu'il en soit, je reste là
Lapin désirant, la tête en bas
Du soir au matin, cherchant mon latin
Entre le morse et les alexandrins
Le cul par terre, le nez en l'air
A l'envers, ou à l'endroit
D'un endroit à l'envers
Je ne comprends pas pourquoi comment
Ces deux yeux là sont aussi grands
Je vois un jardin au soleil
Et au sol un homme étendu
Les yeux ouverts, le cou tordu
Un vieillard étenduLe soleil luit au zénith
Les enfants jouent à l’ombre un peu plus loin
Dans le jardin, tout va bien
Je me vois étendu
Un peu de terre dans la bouche
Les yeux rieurs, oui
Mais un peu trop de terre dans la bouche
Les mouches approchent
Elles ne sont pas farouches
L’une explore l’intérieur de ma bouche
Déjà à l’œuvre
Une femme approcheElle hésite
Elle ose, elle me touche
Elle chasse les mouches
Étendu dans le jardin
Je ne sens rien
Pourtant elle me touche
Étendu dans le jardin
Je suis plus utile aux mouches
Bien plus utile aux mouches
Pourtant elle me touche
Pourtant elle me touche
Ça se passe dans l'espace qui s'efface
Dans l'entre-deux
Entre le je-ne-sais-quoi et le presque rien
(x2)
Le soleil illumine à contre-jour
Une demi-douzaine de poids-lourds
Cargos multicolores et luisants
Pour l'heure, en sommeil, rassurants
Comme dans l’enfance, le matin
Quand les camions miniatures
Quittaient les boîtes de chaussures
Pour s'inventer des destins californiens
Goldorak planait dans l'azur
Fulguropoings, cornofulgures
Animés par un humain logé dans sa tête
Abritant lui-même un cerveau dans sa tête
Comme ces routiers endormis dans leur cabine
Frontière floue entre l’homme et la machine
Curieuse émotion pour la route infinie
Ce qui éloigne, ce qui relieL’entre-deux
Ça se passe dans l'espace qui s'efface
Dans l'entre-deux
Entre le je-ne-sais-quoi et le presque rien
(x2)
Elle sort de chez Van Cleef and Arpels
Un diamant caché sous son pull
Moi j'écoutais un vieux gospel
J'ai bêtement oublié la pendule
Elle m'attend rue du Mont Thabor
Devant deux rosbifs et des frites
Je termine son verre de Saint Yorre
Faut qu'on décampe au plus vite
Je me sens lourd comme un âne mort
C'est ça quand on mange trop vite
Maintenant elle sort de chez Chopard
En envoyant valser son pull
Sur ses talons, faut voir les lascars
Là, c'est plus vraiment l'heure des calculs
On retourne rue du Mont Thabor
C'est qu'elle aime bien leur Gin Tonic
Je commande une bouteille de Cahors
Faut savoir recevoir les flics
J'éviterai pas le corps à corps
Ça finit en drame antique
Ils s'unissent pour attraper l'air et la lumière
Jouant sous l'effet du soleil et d'un vent léger
Les feuilles du peuplier virent du vert à l'argent
Volant leur scintillement aux pierres ombrées
Devenues noires quand par là-haut la nuit descend
Ils s'unissent pour attraper l'air et la lumière
Ils déplient leurs âmes obscures et la nuit s'éclaire
D'où naît cette chaleur soudain derrière les tempes
À qui ces cavalcades sous les herbes couchées
Songes peuplés de licornes, d'hippocampes
Escaliers de donjons montés à la volée
Ils s'unissent pour attraper l'air et la lumière
Ils déplient leurs âmes obscures et la nuit s'éclaire
Où Dieu s'est-il caché sinon dans l'animal
Retrouvons-nous dans l'arène ou dans l'étable
Apprenons les pas de cette danse baptismale
Que le sang colore à jamais les grains de sable
Ils s'unissent pour attraper l'air et la lumière
Ils déplient leurs âmes obscures et la nuit s'éclaire
Jette un oeil par la vitre, mon amour
Jette un autre oeil par la vitre, mon amour
On dirait bien la fin du programme
J'ai bien peur que ce soit la fin du programme
Que reste-t-il de nos espoirs ?
Mais que font-ils à l'abattoir ?
Serait-il déjà trop tard ?
J'en ai marre, je sors du placard
De la souffrance et de la joie
Ne choisissons plus que la joie
Décollons pour San Antonio
As-tu déjà vu un vrai rodéo ?
(J'adorerais voir un vrai rodéo)
Prends ma main, mon coeur
Appuyons sur l'accélérateur
J'ai déjà l'âge d'être grand papa
Allons vite nous perdre dans la pampa
Faisons l'amour, parlons d'amour, faisons l'amour
Epargnons-nous les billets retour
Brûlons ces lambeaux d'existence
Dans une éternelle romance
Jusqu'à la dernière danse
Quand tu faisais tes dents
Quand la nuit, tu appelais Maman !
Quand tu dessinais des coeurs sur les i
Quand tu révisais tes poésies
Quand la terre battue rosissait tes chaussettes
Quand ton frère dénouait tes couettes
Je t'aimais déjà
...
Quand tes yeux me verront tout flou
Quand je ne tiendrai plus debout
Je t'aimerai encore
...
Quand on se sera tout raconté
Quand on ne boira plus que du thé
Quand même nos enfants seront vieux
Quand rêver sera audacieux
Quand je serai mou comme du flan
Quand tous tes cheveux seront blancs
Je t'aimerai encore
...
Quand tu t'ennuyais le dimanche
Quand mes mains n'avaient jamais encore serré tes hanches
Je t'aimais déjà
Un arbre qui descend la Loire
Un fil de lune posé sur l'horizon
Ta langue sucrée comme une poire
Ton prénom brodé sur un blouson
Un ciel couleur de pamplemousse
Des stores jaunes au-dessus des canisses
Ton genou qui sort de la mousse
Dans ma mémoire, tes cicatrices
Ta main tracée sur une ardoise
Une montre en décalcomanie
Le goût de ta fleur de framboise
Un sac de dragées à l'anis
Depuis le premier jour de ton visage
Tous derrière, et lui devant
Comme la joie d'un livre d'images
Comme l'air du petit cheval blanc
Un cerf-volant pris dans les branches
Un jour entier sous la couverture
Le grondement d'une avalanche
Les mains rougies du sang des mûres
Ton sourire posé sur mes lèvres
Le cri aigu des alouettes
Depuis le premier jour de ton visage
Tous derrière, et lui devant
Comme la joie d'un livre d'images
Comme l'air du petit cheval blanc
Dans le jardin, le cul d'un lièvre
Pirouette, cacaouette
La mer au détour d'un virage
La place qu'on garde pour le dessert
Je rêve d'un amour à la plage
Ginger Rogers et Fred Astaire
Je me tiens là
À une distance équivalant à deux fois la hauteur du modèle
On pense être à l’abri
Mais l’attirance est infinie
Vos genoux tremblent comme à treize ans
La tête vous tourne au ralenti
Vos cheveux deviennent gris
À une distance équivalant à deux fois la hauteur du modèle
On ignore le sommeil
On est un peu plus près du ciel
À une distance équivalant à deux fois la hauteur du modèle
On pense être à l’abri
Mais l’attirance est infinie
Vos genoux tremblent comme à treize ans
La tête vous tourne au ralenti
Vos cheveux sont tout gris
Le soleil blanc, dans le dos
À l'horizontale
Sa chaleur, comme une main
Dans le dos
Deux silhouettes qui partent devant
En tous sens
Comme des biches à découvert
Rien à faire que de courir derrière
Les rattraper, essayer
Les rattraper, se mélanger
Dessiner un nouvel animal
Avec deux coeurs à l'intérieur
Laisser fondre, laisser fondre
Et battre des mains, battre des mains
Surtout, ne démêlons rien
Des spots dans le ciel noir
À la verticaleEt le soleil, par la fenêtre
À l'horizontale
Des animaux sur le dos, enlacés
Sont-ce des hommes ou des chevaux ?
Qui galopent, en sueur, immobiles
Ils sont loin, laissons-les s'enfuir
Deux fourmis dans un désert de sel
Laisser fondre, laisser fondre
Et battre des mains
Surtout, ne démêlons rien